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Non-axiomes.

 

Un système nerveux humain normal est potentiellement supérieur à celui de tout animal. En vue d’acquérir la santé mentale et un développement équilibré, chaque individu doit apprendre à s’adapter au monde réel qui l’entoure. Il existe des méthodes d’entraînement qui permettent de réaliser cette adaptation.

 

Ombres. Un mouvement sur la colline où s’était dressée jadis la Machine des Jeux, où tout n’était plus que désolation. Deux silhouettes, dont l’une curieusement difforme, cheminaient lentement parmi les arbres. Lorsqu’elles émergèrent de l’obscurité dans la lumière d’un réverbère, sentinelle isolée sur cette hauteur d’où l’on pouvait embrasser la ville, une des silhouettes se révéla celle d’un bipède ordinaire.

L’autre était une ombre, faite d’ombre, d’obscurité à travers laquelle on distinguait un réverbère.

Un homme, et une ombre, qui avait les gestes d’un homme, sans en être un. Une ombre-homme, qui s’arrêta lorsqu’elle atteignit la barrière protectrice de la crête de la colline, désigna, de son bras d’ombre, la ville, en bas, et parla soudain d’une voix non plus d’ombre, mais fort humaine.

— Répétez vos instructions, Janasen.

Si l’homme avait peur de son étrange compagnon, il ne le montra pas. Il bâilla légèrement.

— Suis un peu endormi, dit-il.

— Vos instructions.

L’homme eut un geste irrité.

— Écoutez, m’sieu le Disciple, dit-il d’une voix lasse, ne me parlez pas comme ça. Votre petite mise en scène ne me fait pas peur du tout. Vous me connaissez. Je ferai le boulot.

— Votre insolence, dit le Disciple, finira par user ma patience. Vous savez que certaines énergies temporelles sont mises en jeu dans mes propres mouvements. Vos tergiversations sont calculées pour blesser, et je vous dis ceci : s’il arrive que je sois obligé de prendre une position déplaisante en raison de cette tendance de votre part, ce sera la fin de nos relations.

Il y avait une telle note de sauvagerie dans la voix du Disciple que l’homme ne dit plus rien. Il se prit à se demander pourquoi il défiait cet individu immensément dangereux, et la seule explication fut l’oppression que faisait peser sur son esprit la conscience d’exister en tant qu’agent stipendié d’un être qui le dominait à tous points de vue.

— Maintenant, vite, dit le Disciple, répétez vos instructions.

Réticent, l’homme commença. Pour la brise qui soufflait derrière eux, ces mots-là ne voulaient rien dire ; ils volaient dans l’air de la nuit comme les phantasmes d’un rêve, comme les ombres qui font le soleil. On parlait de tirer avantage des combats de rue qui, maintenant, se termineraient bientôt. Il y aurait une situation libre à l’Institut d’émigration. « Les faux papiers que je possède m’obtiendront l’emploi pendant le temps nécessaire. »

Le but de la manœuvre était d’empêcher un certain Gilbert Gosseyn de parvenir à Vénus, avant qu’il soit trop tard. L’homme ne savait qui était Gosseyn ni pourquoi ce serait trop tard – mais le procédé était parfaitement clair.

— J’utiliserai toute l’autorité de l’Institut, et jeudi en quinze, lorsque le Président-Hardie partira pour Vénus, je ferai en sorte qu’un accident se produise à un instant donné, et vous-même veillerez que Gosseyn se trouve en situation de le subir.

— Je ne veille à rien de la sorte, dit le Disciple d’une voix lointaine, je prévois simplement qu’il sera là à l’instant voulu. Et maintenant, quelle est l’heure de l’accident ?

— 9 h 28 du matin, heure de la zone dix.

Il y eut un temps d’arrêt. Le Disciple paraissait méditer.

— Je dois vous avertir, dit-il enfin, que Gosseyn est un individu peu commun. Que ceci affecte les événements ou non, je l’ignore. Il ne semble pas qu’il y ait de raisons pour cela, mais il reste une possibilité. Faites attention.

L’homme haussa les épaules :

— Je ne puis que faire de mon mieux. Ça ne me tracasse pas.

— Vous serez éloigné en temps voulu de la façon habituelle. Vous pourrez attendre ici ou sur Vénus.

— Vénus, dit l’homme.

— Parfait.

Il y eut un silence. Le Disciple se déplaça légèrement, comme pour se libérer de la contrainte due à la présence de l’autre. Sa silhouette d’ombre parut soudain moins matérielle. Le réverbère luisait d’un vif éclat à travers la substance noire qu’était son corps, mais tout le temps que cette forme brumeuse s’estompa, se fit plus vague, moins nettement définie, elle resta entière et garda sa forme. Elle s’évanouit d’une pièce et disparut comme si elle n’avait jamais existé.

Janasen attendit. C’était un homme pratique et assez curieux. Il avait déjà vu des illusions et n’était que partiellement convaincu qu’il s’agît d’une de celles-ci. Trois minutes plus tard, le sol se mit à rougir. Janasen battit en retraite avec circonspection.

Le feu fit rage, mais pas si violemment qu’il n’aperçût la structure interne d’une machine à éléments complexes dont la flamme blanche et sifflante fondit les pièces en une masse informe. Il n’attendit pas la fin, mais descendit le sentier en direction de la station de robocars.

 

*

 

La transformation de l’énergie-temps se poursuivit selon son rythme indéterminable jusqu’à 8 h 43 du matin, le premier jeudi de mars 2561. L’accident de Gilbert Gosseyn devait avoir lieu à 9 h 28.

8 h 43. – Sur l’astroport de la montagne qui dominait la ville, le Président-Hardie, à destination de Vénus, flotta jusqu’à sa position de départ. Celui-ci était prévu pour 1 heure de l’après-midi.

Deux semaines avaient passé depuis le jour où le Disciple et son homme de main contemplaient la ville du haut du monde baigné d’ombre. Deux semaines et un jour depuis qu’un éclair électrique jailli d’un réflecteur d’énergie à l’Institut de Sémantique Générale faisait sauter la tête sanglante de Thorson[1] avec pour résultat la cessation trois jours plus tard des combats dans la ville proprement dite.

Partout, des roboutils ronflaient, bourdonnaient, sifflaient et travaillaient sous le contrôle de leurs cerveaux électroniques. En onze jours, une ville géante revenait à la vie, non sans labeur, non sans que les hommes fussent obligés de se courber aux côtés des machines. Mais les résultats étaient déjà colossaux. Le ravitaillement redevenu normal, la plupart des traces de la bataille disparues. Et, chose d’une importance capitale, la terreur des forces inconnues qui venaient d’attaquer, depuis les étoiles, le système solaire, s’affaiblissait avec chaque bribe d’information en provenance de Vénus, chaque jour qui passait.

 

*

 

8 h 30 du matin, sur Vénus, dans la fosse, un temps la base galactique secrète du Plus Grand Empire sur le système solaire. Patricia Hardie, assise dans son arbre-appartement, étudiait un guide général abrégé. Elle était vêtue d’un trois-jours ordinaire qu’elle ne porterait qu’un jour avant de le détruire. Une mince jeune femme dont la beauté s’effaçait un peu devant une caractéristique plus curieuse : un air d’autorité. L’homme qui ouvrit la porte et entra à ce moment s’arrêta pour la regarder ; mais si elle l’avait entendu, elle ne le manifesta pas.

Eldred Crang attendit, un peu amusé, mais non vexé. Il respectait, il admirait Patricia Hardie, mais elle n’avait pas encore reçu tout l’entraînement philosophique non-A et, en conséquence, elle possédait encore des techniques fixes de réaction dont elle ne se rendait sans doute pas compte. Comme il l’observait, elle dut franchir le processus inconscient d’acceptation de son intrusion, car elle se retourna et le regarda.

— Alors, dit-elle.

Élancé, Eldred s’avança.

— Marche pas, dit-il.

— Combien de messages ?

— Dix-sept.

Il secoua la tête :

— J’ai peur que nous n’ayons tardé. Nous avons sous-entendu que Gosseyn réussirait à revenir ici. Maintenant, notre seul espoir est qu’il soit sur le transport qui quitte aujourd’hui la Terre pour Vénus.

Il y eut un moment de silence. La femme fit quelques marques dans le guide avec un instrument acéré. Chaque fois qu’elle touchait la page, la matière luisait d’une douce lueur bleuâtre. Elle haussa enfin les épaules :

— Nous n’y pouvons rien. Qui aurait pensé qu’Enro découvrirait si vite ce que vous faisiez ? Heureusement, vous avez été vite, et ses soldats de ce secteur sont déjà disséminés dans une douzaine de bases et employés à d’autres desseins.

Elle sourit, admirative.

— C’était très astucieux, mon ami, de confier ces soldats aux tendres soins des commandants des bases. Ils ont tous tellement envie d’avoir plus d’hommes dans leurs secteurs que quand un officier responsable leur en donne quelques millions, ils les cacheraient presque. Il y a des années, Enro a été obligé de concevoir un système compliqué pour arriver à retrouver des armées perdues de cette façon-là.

Elle s’interrompit :

— Avez-vous déterminé combien de temps nous pouvons rester encore ?

— Mauvaises nouvelles de ce côté-là, dit Crang. Ils ont reçu des ordres, sur Gela 30, de débrancher Vénus du secteur des « matrices » individuelles au moment où vous et moi serons à Gela. Ils laissent la possibilité aux transports, et c’est quelque chose ; mais on m’a dit que tous les distorseurs personnels seront débranchés d’ici vingt-quatre heures, que nous allions à Gela ou non.

Debout, il fronça les sourcils.

— Si seulement Gosseyn se dépêchait ! Je pense que je pourrai les faire patienter un jour ou deux de plus sans révéler votre identité. Je crois que nous devrions courir le risque. À mon avis, Gosseyn est plus important que nous.

— Vous, vous savez quelque chose, dit brièvement Patricia. Qu’est-il arrivé ? C’est la guerre ?

Crang hésita, puis :

— Au moment où j’envoyais le message, il y a cinq minutes, j’ai capté un tas d’appels confus de quelque part au centre de la galaxie. Neuf cent mille vaisseaux de guerre, à peu près, ont attaqué la capitale de la Ligue, dans le sixième décan.

La jeune femme resta silencieuse un long moment. Enfin, elle parla, et il y avait des larmes dans ses yeux.

— Ainsi, Enro a fait le saut !

Elle secoua la tête, rageuse, et essuya ses pleurs.

— Ça règle la situation. J’en ai fini avec lui. Vous pouvez lui faire ce que vous voulez si jamais vous en avez l’occasion.

Crang, guère ému, répondit :

— C’était inévitable. C’est la rapidité de tout ça qui m’embête. On a été pris au dépourvu. Rendez-vous compte, attendre jusqu’à hier pour envoyer le Dr Kair sur terre à la recherche de Gosseyn !

— Quand y sera-t-il ?

Elle agita la main.

— Peu importe. Vous me l’avez déjà dit, non ? Après demain. Eldred, nous ne pouvons attendre.

Elle se dressa et vint à lui, les yeux étrécis par la réflexion tandis qu’elle étudiait son visage.

— Vous n’allez pas nous faire prendre des risques impossibles, j’espère ?

— Si nous n’attendons pas, dit Crang, Gosseyn reste isolé ici à neuf cent soixante et onze années-lumière du transport interstellaire le plus proche.

Patricia répondit très vite :

— À tout moment, Enro peut « similariser » une bombe atomique dans la fosse.

— Je ne pense pas qu’il détruise la base. Elle a été trop longue à organiser. En outre, j’ai idée qu’il sait que vous êtes là.

Elle le regarda durement.

— Où a-t-il pu savoir ça ?

Crang sourit.

— Par moi, dit-il. Après tout, il a bien fallu que je dise à Thorson qui vous étiez pour vous sauver la vie. Je l’ai dit également à un agent de renseignement d’Enro.

— Malgré tout, dit Patricia, tout ça reste fondé sur des désirs. Si nous partons sains et saufs, nous pourrons revenir chercher Gosseyn.

Crang la regarda, pensif.

— Tout ça va plus loin que ça n’en a l’air. Vous oubliez que Gosseyn a toujours été persuadé qu’au-delà de lui, ou derrière lui, se trouve un être qu’il appelle, faute de nom plus juste, un joueur d’échecs cosmique. Naturellement, c’est une comparaison aventurée ; mais si ça a le moindre sens, cela nous oblige à supposer un second joueur. Les échecs, ce n’est pas un jeu de solitaire. Autre chose : Gosseyn se considérait à peu près comme un pion sur la septième rangée. Eh bien, je crois qu’il est devenu reine quand il a tué Thorson. Je vous le dis, Reesha, c’est dangereux de laisser une reine dans une position dont elle ne peut bouger. Il faut qu’il soit à l’air libre, parmi les étoiles, là où il ait la plus grande mobilité possible. Selon moi, aussi longtemps les joueurs resteront cachés et en position de mouvoir leurs pièces sans être pris ni observés, aussi longtemps Gosseyn sera en danger mortel. Je crois que même un délai de quelques mois pourrait être fatal.

Patricia, silencieuse un instant, dit :

— Et où allons-nous ?

— Eh bien, nous devons utiliser les communications normales. Mais je projette de nous arrêter quelque part pour avoir des nouvelles. Si c’est ce que je crois, il n’y a qu’un endroit où nous puissions aller.

— Oh ! dit la femme d’une voix neutre. Combien de temps avez-vous l’intention d’attendre ?

Crang, sombre, la regarda et respira profondément.

— Si le nom de Gosseyn, dit-il, est sur la liste des passagers du Président-Hardie – et j’aurai cette liste quelques minutes après son départ de la Terre – nous attendrons ici jusqu’à ce qu’il arrive, dans trois jours et deux nuits.

— Et si son nom n’est pas sur la liste ?

— Alors nous partirons dès que nous en serons certains.

Le nom de Gilbert Gosseyn, ainsi qu’il apparut, ne se trouvait pas sur la liste des passagers du Président-Hardie.

 

*

 

8 h 43 du matin. Gosseyn s’éveilla en sursaut et, presque simultanément, prit conscience de trois choses. De l’heure. Du soleil qui brillait par la fenêtre de sa chambre d’hôtel. Et du vidéophone, près du lit, qui bourdonnait avec douceur, mais insistance.

En s’asseyant, il acheva de sortir du sommeil et se rappela brusquement que, le jour même, le Président-Hardie partait pour Vénus. Cette idée le galvanisa. La guerre avait réduit les communications entre les deux planètes à un échange hebdomadaire, et il lui fallait encore obtenir l’autorisation de s’embarquer aujourd’hui. Il se pencha et manœuvra le récepteur. Mais comme il était encore en pyjama, il laissa éteinte la plaque du vidéo.

— Ici, Gosseyn, dit-il.

— Monsieur Gosseyn, dit une voix d’homme, ici l’Institut d’émigration.

Gosseyn se raidit. Il savait que ça devait se décider aujourd’hui, et une nuance de cette voix ne lui plaisait pas.

— Qui est à l’appareil ? demanda-t-il sèchement.

— Janasen.

— Ah !

Gosseyn se rembrunit. C’était l’homme qui avait accumulé tant d’obstacles sur sa route, insistant pour qu’il fournît un acte de naissance et d’autres pièces, refusant d’enregistrer un test favorable au détecteur de mensonge. Janasen, un fonctionnaire dont la situation était surprenante étant donné son refus presque pathologique de faire quoi que ce soit de sa propre initiative. Pas le type à qui parler le jour où un vaisseau aérien devait partir pour Vénus.

Gosseyn tendit le bras et enclencha la plaque du vidéo. Il attendit que l’image du visage aigu de l’autre fût claire, puis il dit :

— Écoutez, Janasen, je veux parler à Yorke.

— J’ai reçu mes instructions de M. Yorke. Janasen restait imperturbable. Son visage paraissait étrangement lisse en dépit de sa minceur.

— Passez-moi Yorke, dit Gosseyn.

Janasen ignora l’interruption.

— Il a été décidé, continua-t-il, que, en raison de la situation troublée de Vénus…

— Quittez la ligne ! dit Gosseyn d’une voix menaçante. Je parlerai à Yorke et à personne d’autre.

— … en raison de la situation pendante sur Vénus, votre demande d’entrée est refusée, dit Janasen.

Gosseyn était furieux. Depuis quatorze jours, cet individu le lanternait, et, maintenant, le matin du départ, telle était la décision.

— Ce refus, dit l’imperturbable Janasen, ne vous interdit en aucune façon de représenter votre demande lorsque la situation de Vénus sera éclaircie, tenant compte des directives du Conseil vénusien d’immigration.

Gosseyn répliqua :

— Dites à Yorke que je passerai le voir sitôt après le petit déjeuner.

Ses doigts manœuvrèrent l’interrupteur et il rompit le contact.

Gosseyn s’habilla rapidement et il s’arrêta pour une dernière inspection devant la glace en pied de sa chambre d’hôtel. Il vit un grand type jeune à la figure décidée. Sa perception était trop déliée pour ne pas repérer les caractéristiques peu communes de cette image. À première vue, il semblait tout à fait normal, mais à ses propres yeux, sa tête était visiblement trop grosse pour son corps. Seul le développement de ses épaules, de ses bras et de ses pectoraux rendait tolérable le développement de sa tête. En gros, il imaginait qu’il devait tomber dans la catégorie « léonine ». Il mit son chapeau. Maintenant, il avait l’air d’un grand costaud avec une figure musclée, ce qui était satisfaisant. Autant que possible il voulait éviter de se faire remarquer. Le second cerveau, qui faisait sa tête d’un sixième plus volumineuse que celle d’un homme ordinaire, possédait ses limitations. Durant les deux semaines écoulées depuis la mort du puissant Thorson, libre pour la première fois d’étudier son pouvoir terrifiant, il avait dû fortement modifier sa conviction précédente d’invincibilité.

Un peu plus de vingt-six heures, telle était la durée maximum pendant laquelle son souvenir « mémorisé » d’une portion de sol restait utile. Le souvenir pouvait ne pas se modifier visiblement, mais en quelque sorte il s’altérait, et il n’était plus en mesure de s’y retrancher par le procédé instantané de similarisation.

Cela signifiait qu’il devait littéralement reconstruire ses défenses chaque matin, chaque soir, sans arrêt, de façon à ne jamais être pris sans quelques points-clefs où échapper en cas d’urgence. Les limites temporelles impliquées présentaient plusieurs aspects troublants. Mais il aurait le temps d’étudier ça sur Vénus.

Un moment plus tard, il monta dans l’ascenseur, et regarda sa montre : 9 h 27.

Une minute plus tard, à 9 h 28, temps prévu pour l’accident, l’ascenseur s’écrasa au fond de sa cage.

Les joueurs du Non-A
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